10 Octobre 2009

Bonjour,

Comme vous le savez, l’IMEB est aujourd’hui menacé.
Cette décision est parfaitement arbitraire et aucunement justifiée.
La Drac a notifié à Françoise Barrière et Christian Clozier la non reconduction de la subvention sans aucune explication ni occasion de se défendre.
L’argent ne sera simplement donné à d’autres projets culturels régionaux considérées plus importants par le directeur de la DRAC, évidemment dans un autre domaine.
Derrière le règlement de compte contre les personnes, on assiste donc ici à un règlement de compte contre la musique électroacoustique revendiqué comme un art digne de ce nom.
Pour avoir participé au jury du festival en 2009, je peux garantir que l’exigence artistique était au rendez-vous plus que nul part ailleurs.
L’IMEB est sans aucun doute une des structures de création musicale française les plus courageuses et la plus importante sur le plan de l’action artistique dans son domaine. Ce qui s’y fait et s’y ait produit est exemplaire à bien des égards. Avec des moyens 10 fois mois importants que le GRM et près de 100 fois moins que l’Ircam, le résultat est absolument remarquable. Pourquoi ? parce qu’on y travaille et on y travaille bien et beaucoup. Depuis 40 ans, on y travaille pour l’art musical contemporain électroacoustique avec une constance, une exigence unique au monde et des résultats remarquable pour une si petit équipe. L’IMEB est depuis son origine une structure exemplaire à bien des égards que beaucoup aimeraient bien voir disparaître faute malheureusement pour leur bilan de souffrir la comparaison. Les employés de l’IMEB sont souvent eux même compositeurs et l’Institut ne l’oublie pas, même si ils sont loin d’être privilégiés. Les responsable de l’IMEB et leurs employés se sont souvent disputé, on ne le sait que trop et on aurait préféré que les maladresses, les colères et les désirs de vengeance fondent comme l’eau au soleil. Mais au vu des fortes personnalités, des engagements passionnés, de salaires réduits et des lourdes obligations de travail, les conflits personnels ne sont pas étonnants. La situation aujourd’hui est bloquée et le risque principal et probable est que l’art et la création paieront les pots cassés. Ces règlements de comptes sont lamentables et mortels pour l’art électroacoustique. Ceux qui parlent de l’argent englouti sont lamentables. Combien d’argent englouti dans des projets sans lendemains, dans des structures dont les seuls bénéficiaires sont les promoteurs ? L’IMEB en est très loin. Y a t'il en France un autre concours de composition musicale contemporaine dont les organisateurs ne sont le jury, qui respectent l'anonimat des candidatures, qui soit gratuit pour les candidats ? Y a t’il une autre structure de création musicale notamment électroacoustique où les responsable aient autant joué et passé commande aux autres artistes plutôt qu’à eux même ? Y a t’il un autre lieu en France où l’on a pu voir et entendre les artistes musiciens et les idées musicales si souvent plusieurs années avant que ceux qui crachent sur l’IMEB ne les montrent ? Y a t’il une autre structure qui honore à ce point l’école française de musique électroacoustique dans le monde.

Cherchez bien !  

L’IMEB (ou le GMEB) ont également été une importante tête de pont pour l’industrie musicale électroacoustique. On y a plus souvent rencontré Robert Moog, Max Mathews, Tony Oberheim, Pierre Schaeffer... qu’aux conventions de l’AES. Le travail de Jean-Claude LEDUC avec notamment le Gmebogosse (Cybernégosse) et le Gmebaphone (Cybernéphone), avec le développement d’interfaces musicales... a été une ressource importante en France mais également orienté des réalisations dans de nombreux pays.
La création pédagogique autour du Gmebogosse, notamment développée jusqu’à ce jour par Roger Cochini est devenu une des principales référence pour la pédagogie électroacoustique.



Le travail de l’IMEB n’appartient pas seulement au passé, mais il est fondamentalement tourné vers le présent et l'avenir, avec une maîtrise des plus approfondie des domaines artistiques les plus actuels comme l’installation sonore, l’art sonore électronique et numérique, la performance, la musique interactive et générative... Autant de domaines dont, malgré son budget réduit, très peu d’autres lieu de cette dimension ne sont à même de maîtriser.
Il suffit de revoir le programme du festival des dix dernières années pour s’en convaincre.


Roland Cahen