Cause Cachette

 

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Cause Cachette 1997 20’

 

Réalisé au studio Delta P de La Rochelle en 1996

 

Le titre :

“Cause Cachette” est une pièce burlesque de Théâtrophone

Théâtrophone, c’est le nom que j’utilise pour parler du théâtre sonore.

L’histoire :

Deux personnages - disons Toto et Momo cambriolent la bijouterie Chaumet par les sous-sols, malheureusement tout ne se passe pas comme prévue, l’alarme se déclenche, s’ensuit une cavale rocambolesque et surréaliste…Mais comme tout y est toc, c’est au fond du souterrain qu’ils attrapent l’avion pour la liberté.

Le propos :

À l’heure où contre toute logique on persiste à prendre les effets pour des causes et les actes pour des effets sans effet, cette pièce est un hommage à un humoriste méconnu, Pierre Schaeffer et une digression sauvage sur les simulacres.

 

Dispositif de diffusion : source sur cassette 8 pistes ou ADAT, diffusé sur huit voix de diffusion frontales (8 enceintes côte à côte) et absolument identiques. (Espacement de 1 à 2 m entre chaque enceinte)

 

 

Avec les voix de : (par ordre d’entrée)

 

Jean-Jacques Faure   -  Toto

Roland Cahen                -  Momo

Christophe Dupuis       -  Phonogène

 

 

Scène I- La Chignole

 

(on entend des pas et bruits divers dans un espace réverbérant type tunnel)

B- bon alors, sort le plan… fais voir… place Vendôme (m)

A- rue Castiglione (34)…rue de la Paix (43)

B- rue Saint Honoré (1)

A- rue des Capucines (2)

B- rue Dan. Casanova (7)

A- 23° Est, 15 m sud…108° Sud, 5m Est…

…(ils marchent… de plus loin)

B- tu crois que c’est ce piller là ? (5)

A- ça peut être que ça (4)

B- t’as la corde ? (6)

A- ouais (4)

B- balance là ! (7)

(plouf en 1)

A- zut elle est tombé dedans (4)

B- tu peux pas faire attention ? (6)

A - chignole… au boulot…

(on entend une grosse perceuse puis chutes de pierres suivie de toussotements…)

c’est bon on y va (8)

(des pas lents et discrets dans un espace plus sec)

tic tac d’horloges puis carillons & sonnailles très douces

bruits de martèlement, tiroirs clés, cliquettements…

B- c’est quoi ça ?

A- des diams mon ptit gard !

B- on dirait du verre… à mon avis c’est des faux…

A- shh… non, c’est du gemme véritable, plus c’est cher plus ça fait toc ! écoutes

(toc)

B- et ça c’est quoi ?

A-… des factures

B- des vraies ou des fausses

A- shh… attention vindiou le rayon…

mouvement désordonnés (comme si ils se rattrapaient mutuellement l’un sur l’autre en tombant)

sirène d’alarme très forte voix dans mégaphone (vous êtes cernés) course effrénée, claquements de portes, escaliers, grosse porte

B- (1) ouf on l’a échappé belle

 


Scène II- traversée ou saute mouton

 

A - (2) passe le sac

B - (1) tend moi la main

A pousse B - (23) allez passe devant ho hisse, mange un peu moins tu veux pas

B - (3) passe le sac… à toi !

A - (23) ok à toi non le sac d’abord

B pousse le sac et passe - (34) j’te jure que je fais un régime

A - allez magnes

B - (4) je fais ce que je peux, me stresses pas sinon je tousse…

A - (3) oh non laisse moi passer… s’il te plaît, fais pas l’enfant.

B - (45) je m’en fiche, débrouille toi moi je file devant

A - (34) bruits divers efforts halètements

B - (56) Ahhhhhhhhhhhh ! (chute dans un puits)

A - (4) Oh… Oh !

B - (6 très loin) Aïe la vacherie j’ai mal partout

A - (4) tu ne t’est rien cassé au moins ? (5) attrapes la corde !

B en montant (5) : -ni fractures de factures ni damné les diams

A - Allez un deux trois Sauteeeeeeez (57)

sons mous variés et rebonds, ressorts etc

Arrive de la gauche un petit avion à hélice qui passe de gauche à droite

B - Allez chacun une roue OooooOôù % oooœœooooooooooooOooôöooo > (8) >

(le moteur se stabilise, celui d'un hélicoptère)

A - Tu vois la mer ?

B - Ouais !

A - Ca te dirais d’aller y faire un plouf

B - Non !

A - C’que tu peux être insipide par moment

B - Pourquoi il fait nuit tout d’un coup ?

A - C’est sûrement un cyclone, à cause de l'hélicoptère

Bruit de grêle et de pluie, tonnerre au loin

B - un conseil, remonte tes pieds si tu veut pas te faire brûler la jupe

A - De toute façon avec le vent elle est toute froissée.

B - Attention

A - Je vais tenter d'envoyer un SOS, allume la TSF…

allez dépèches!

(on entend des ondes courtes)

B - Je cherche, je cherche patience

 

Scène III- Orage

 

 

Coup de tonnerre, l’avion fait un piqué suivi d’un grand plouf (escale)

 

(vieux jazz dans la TSF au lointain dans la jungle)

B - (crié) Vu mon plan de bus on doit être juste au dessus du bassin du Luxembourg

On entend un moteur (voiture qui passe sous la pluie)

A - Taxi taxi

On entend un coq

B - t’as pas l’heure ?

A - je trouve plus ma montre

B - et l’horloge comtoise là haut ?

On entend le Muezzin

A - t’es sur de ton coup pour le jardin du Luxembourg ?

B - aucun doute, mon sens de l’orientation ne me trompe jamais… quand ça tourne, crois en ma vielle expérience : toujours tout droit, à l’horizontale, négocier lestement un quart de tour à chaque coin de rue, ça finit toujours quelque part, au lit de préférence.

A - Ou au dépôt !

 

Scène IV - Phonogène

 

On entend un son synthétique qui s’approche genre sirène avec des bruits divers associés.

C - Hey les gars, vous pouvez pas m’aider à pousser je suis en panne, je me présente, Phonogène, corps sonores en tous genres, je suis à la recherche de la musique, vous ne l’auriez pas vue ?

A - Non…

Bruits divers de mécanique, jurons et vociférations incongrues

B - C’est quel marque votre engin, ça fait un drôle de raffut

C - On en fabrique plus par ici, mais ça ne saurait tarder.

A - Ca sert à quoi au juste ?

C - A aligner les corps sonores dans l’axe des hauts parleurs

A - ah ouais une sorte de DCA en somme !

B - En tout cas vous n’avez pas du aligner les ronds bien dans l’axe du vendeur, c’est un fichu tas de ferraille votre machin

C - Machine monsieur, drôle de machine. Mais ne vous y fiez pas, elle ne tourne plus à cause du sélecteur de séquences, le jukeu boxe, mais coté performance elle est imbattable.

Le raffut s’arrête

C - vous allez voir ce que vous allez voir, ou plutôt, vous n’allez rien voir du tout, vous mettez vous là (1) ouvrez grand vos yeux fermez vos oreilles et ne bougez plus

Abracadabruit lalalala typologie morphologie…

Bruit de moteur qui se met en route, tout vibre de partout (PDS rapprochée de ferraille vibrante en 4 pistes)

Le moteur s’arrête on se retrouve sur une plage

A et B - Oh comment on est arrivé là ?

A - (s’éloignant vers l’eau) Horizon infini, ondes incertaines, galops de chevaux blancs à la crinière échevelée, platitude engloutissante, gouffre d’oubli, matrice éternelle, horizon convexe (appelant de loin puis revenant) Pssst ! c’est de la fausse

B - (s’éloignant à son tour vers l’eau) On dirait de la farine, Beurk, vous vous fichez de nous ou quoi ?

C - Et quoi encore, la vraisemblance du simulacre, moi j’chais faire, mais le réalisme, Dieu quel ennui.

B - Alors comme ça vous pouvez faire surgir un ersatz de n’importe quoi du néant, comme ça, vous êtes un peu magicien, en quelque sorte.

C - N’exagérons rien, ce ne sont guerre que des sons et des images, mais disons que j’ai plus d’un tour dans mon sac.

A - Vous n’auriez pas, un tour genre tour de poitrine, disons épanouie, une voix onctueuse chantant des paroles langoureuses…

C - Pour qui me prenez vous ?

A - C’est plutôt vous qui vous méprenez, ça fait juste au moins un quart d’heure qu’on a pas vu de femme.

C - Ah, moi non plus, qu’à cela ne tienne, mes amis abracadabruit, cric crac écoute réduite, blonde brune rousse et hop lalala ohlacausecachée ohlacausecachée ohlacausecachée…épochée hop lalala

Même bruit de moteur qui se met en route, tout vibre de partout Le moteur pétarade et s’arrête

A et B Ohhhh, qu’elle est jolie, elle est ravissante n’est ce pas ?

A - (même jeu que précédemment) Psst c’est encore une fausse

B - Ah ! Il y a même un bouton dessus…

A - y’a écrit remontes moi

bruit de remontoir

on entend un chant lyrique interpolation endroit envers qui ralentit puis sarrète

A - Astucieux mais ça remplace pas l’authentique, hein ?

C - Parlez pour vous ! et puis arrêtez de me réclamer l’impossible c’est énervant, si on ne peut plus bricoler l’expression du vivant sans que des concrets cloportes de votre espèce vous bassinent avec leurs réclamations et vous prennent pour Dieu, qui d’ailleurs ne s’en tire pas aussi bien qu’on le dit. Je ne conçoit pas moi, je ne fais pas chier le monde moi, je rabiboche, un point c’est tout,…c’est un monde à la fin.

 

Scène V- Lendemain

 

même boucan (possible raccord sur le chantier)

Bruit de réveil

Intérieur avec la télé allumée même thème de jazz, la douche, la cafetière

La porte qui se ferme, des pas dans l’escalier

Sur un chantier les deux mêmes

A - Salut vieux

B - Tapes pas dans l’dos, ça m’fait mal, l’orage d’hier m’a filé des crampes, et puis les dix balles que tu m’as rendu, c’était une fausse pièce, et puis et puis j’en ai marre que tu me prennes pour un con

A - Ben qu’est ce que t’as ce matin ? t’as picolé ?

B - Non, j’ai passé une nuit trop bizarre, je peux pas te raconter.

A - Ah bon ! Passes moi la manivelle

bruit de cliquets (nacelle qui monte)

B - Souques ferme ou on va s’retrouver au sous sol

A - T’as bien chargé la bibine… et le ciment

B - 20 kilos de chaque, pas d’problème

A - Tiens v’la la gonzesse du troisième, j’me la frais bien celle là

B - Arrête tu veux, et puis c’est une fausse

A - Comment tu sais, t’as été voir ?

B - Non, c’est le vieux à la chignole qui m’la dit, il parait qu’elle est pas biologique celle là…

A - Eh alors… un avion passe …toutes façon y m' casse les oreilles c’lui là, qui s’étonnes pas si il retrouve plus son biniou un de ces quat'.

B- Allez, arrète de jouer les kaïds et pistonne plus fort, on s’ra jamais là haut à c'train là.