Cause Cachette
Réalisé au studio Delta P de La Rochelle
en 1996
Le titre :
“Cause Cachette” est une pièce
burlesque de Théâtrophone
Théâtrophone, c’est le nom que
j’utilise pour parler du théâtre sonore.
L’histoire :
Deux personnages - disons Toto et Momo cambriolent la
bijouterie Chaumet par les sous-sols, malheureusement tout ne se passe pas
comme prévue, l’alarme se déclenche, s’ensuit une
cavale rocambolesque et surréaliste…Mais comme tout y est toc,
c’est au fond du souterrain qu’ils attrapent l’avion pour la
liberté.
Le propos :
À l’heure où contre toute logique on
persiste à prendre les effets pour des causes et les actes pour des
effets sans effet, cette pièce est un hommage à un humoriste
méconnu, Pierre Schaeffer et une digression sauvage sur les simulacres.
Dispositif de diffusion : source sur cassette 8 pistes ou ADAT, diffusé sur huit voix de diffusion frontales (8 enceintes côte à côte) et absolument identiques. (Espacement de 1 à 2 m entre chaque enceinte)
Avec les voix de : (par ordre
d’entrée)
Roland Cahen - Momo
Christophe Dupuis - Phonogène
Scène
I- La Chignole
(on
entend des pas et bruits divers dans un espace réverbérant type
tunnel)
B- bon
alors, sort le plan… fais voir… place Vendôme (m)
A- rue
Castiglione (34)…rue de la Paix (43)
B- rue
Saint Honoré (1)
A- rue
des Capucines (2)
B- rue
Dan. Casanova (7)
A-
23° Est, 15 m sud…108° Sud, 5m Est…
…(ils
marchent… de plus loin)
B- tu
crois que c’est ce piller là ? (5)
A-
ça peut être que ça (4)
B-
t’as la corde ? (6)
A- ouais
(4)
B-
balance là ! (7)
(plouf
en 1)
A- zut
elle est tombé dedans (4)
B- tu
peux pas faire attention ? (6)
A -
chignole… au boulot…
(on
entend une grosse perceuse puis chutes de pierres suivie de
toussotements…)
…c’est bon on y va (8)
(des
pas lents et discrets dans un espace plus sec)
tic
tac d’horloges puis carillons & sonnailles très
douces
bruits
de martèlement, tiroirs clés, cliquettements…
B-
c’est quoi ça ?
A- des
diams mon ptit gard !
B- on
dirait du verre… à mon avis c’est des faux…
A-
shh… non, c’est du gemme véritable, plus c’est cher
plus ça fait toc ! écoutes
(toc)
B- et
ça c’est quoi ?
A-…
des factures
B- des
vraies ou des fausses
A-
shh… attention vindiou le rayon…
mouvement
désordonnés (comme si ils se rattrapaient mutuellement l’un
sur l’autre en tombant)
sirène
d’alarme très forte voix dans mégaphone (vous êtes
cernés) course effrénée, claquements de portes, escaliers,
grosse porte
B- (1)
ouf on l’a échappé belle
Scène
II- traversée ou saute mouton
A - (2)
passe le sac
B - (1)
tend moi la main
A pousse
B - (23) allez passe devant ho hisse, mange un peu moins tu veux pas
B - (3)
passe le sac… à toi !
A - (23)
ok à toi non le sac d’abord
B pousse
le sac et passe
- (34) j’te jure que je fais un régime
A -
allez magnes
B - (4)
je fais ce que je peux, me stresses pas sinon je tousse…
A - (3)
oh non laisse moi passer… s’il te plaît, fais pas l’enfant.
B - (45)
je m’en fiche, débrouille toi moi je file devant
A - (34)
bruits divers
efforts halètements
B - (56)
Ahhhhhhhhhhhh ! (chute dans un puits)
A - (4)
Oh… Oh !
B - (6
très loin) Aïe la vacherie j’ai mal partout
A - (4)
tu ne t’est rien cassé au moins ? (5) attrapes la
corde !
B en
montant
(5) : -ni fractures de factures ni damné les diams
A -
Allez un deux trois Sauteeeeeeez (57)
sons
mous variés et rebonds, ressorts etc
Arrive
de la gauche un petit avion à hélice qui passe de gauche à
droite
B -
Allez chacun une roue OooooOôù %
oooœœooooooooooooOooôöooo > (8) >
(le
moteur se stabilise, celui d'un hélicoptère)
A - Tu
vois la mer ?
B -
Ouais !
A - Ca
te dirais d’aller y faire un plouf
B -
Non !
A -
C’que tu peux être insipide par moment
B -
Pourquoi il fait nuit tout d’un coup ?
A -
C’est sûrement un cyclone, à cause de
l'hélicoptère
Bruit
de grêle et de pluie, tonnerre au loin
B - un
conseil, remonte tes pieds si tu veut pas te faire brûler la jupe
A - De
toute façon avec le vent elle est toute froissée.
B -
Attention
A - Je
vais tenter d'envoyer un SOS, allume la TSF…
allez
dépèches!
(on
entend des ondes courtes)
B - Je
cherche, je cherche patience
Scène
III- Orage
Coup
de tonnerre, l’avion fait un piqué suivi d’un grand plouf
(escale)
(vieux
jazz dans la TSF au lointain dans la jungle)
B - (crié) Vu mon plan de bus on doit
être juste au dessus du bassin du Luxembourg
On
entend un moteur (voiture qui passe sous la pluie)
A - Taxi
taxi
On
entend un coq
B -
t’as pas l’heure ?
A - je
trouve plus ma montre
B - et
l’horloge comtoise là haut ?
On
entend le Muezzin
A -
t’es sur de ton coup pour le jardin du Luxembourg ?
B -
aucun doute, mon sens de l’orientation ne me trompe jamais… quand
ça tourne, crois en ma vielle expérience : toujours tout droit,
à l’horizontale, négocier lestement un quart de tour
à chaque coin de rue, ça finit toujours quelque part, au lit de
préférence.
A - Ou
au dépôt !
Scène IV - Phonogène
On
entend un son synthétique qui s’approche genre sirène avec
des bruits divers associés.
C - Hey
les gars, vous pouvez pas m’aider à pousser je suis en panne, je
me présente, Phonogène, corps sonores en tous genres, je suis
à la recherche de la musique, vous ne l’auriez pas vue ?
A -
Non…
Bruits
divers de mécanique, jurons et vociférations incongrues
B -
C’est quel marque votre engin, ça fait un drôle de raffut
C - On
en fabrique plus par ici, mais ça ne saurait tarder.
A - Ca
sert à quoi au juste ?
C - A
aligner les corps sonores dans l’axe des hauts parleurs
A - ah
ouais une sorte de DCA en somme !
B - En
tout cas vous n’avez pas du aligner les ronds bien dans l’axe du
vendeur, c’est un fichu tas de ferraille votre machin
C -
Machine monsieur, drôle de machine. Mais ne vous y fiez pas, elle ne
tourne plus à cause du sélecteur de séquences, le jukeu
boxe, mais coté performance elle est imbattable.
Le
raffut s’arrête
C - vous
allez voir ce que vous allez voir, ou plutôt, vous n’allez rien
voir du tout, vous mettez vous là (1) ouvrez grand vos yeux fermez vos
oreilles et ne bougez plus
Abracadabruit
lalalala typologie morphologie…
Bruit
de moteur qui se met en route, tout vibre de partout (PDS rapprochée de
ferraille vibrante en 4 pistes)
Le
moteur s’arrête on se retrouve sur une plage
A et B -
Oh comment on est arrivé là ?
A - (s’éloignant
vers l’eau)
Horizon infini, ondes incertaines, galops de chevaux blancs à la
crinière échevelée, platitude engloutissante, gouffre
d’oubli, matrice éternelle, horizon convexe (appelant de loin
puis revenant)
Pssst ! c’est de la fausse
B - (s’éloignant
à son tour vers l’eau) On dirait de la farine, Beurk, vous vous fichez de
nous ou quoi ?
C - Et
quoi encore, la vraisemblance du simulacre, moi j’chais faire, mais le
réalisme, Dieu quel ennui.
B -
Alors comme ça vous pouvez faire surgir un ersatz de n’importe
quoi du néant, comme ça, vous êtes un peu magicien, en
quelque sorte.
C -
N’exagérons rien, ce ne sont guerre que des sons et des images,
mais disons que j’ai plus d’un tour dans mon sac.
A - Vous
n’auriez pas, un tour genre tour de poitrine, disons épanouie, une
voix onctueuse chantant des paroles langoureuses…
C - Pour
qui me prenez vous ?
A -
C’est plutôt vous qui vous méprenez, ça fait juste au
moins un quart d’heure qu’on a pas vu de femme.
C - Ah,
moi non plus, qu’à cela ne tienne, mes amis abracadabruit, cric
crac écoute réduite, blonde brune rousse et hop lalala ohlacausecachée
ohlacausecachée ohlacausecachée…épochée hop lalala
Même
bruit de moteur qui se met en route, tout vibre de partout Le moteur
pétarade et s’arrête
A et B
Ohhhh, qu’elle est jolie, elle est ravissante n’est ce pas ?
A - (même
jeu que précédemment) Psst c’est encore une fausse
B -
Ah ! Il y a même un bouton dessus…
A -
y’a écrit remontes moi
bruit
de remontoir
on
entend un chant lyrique interpolation endroit envers qui ralentit puis
sarrète
A -
Astucieux mais ça remplace pas l’authentique, hein ?
C -
Parlez pour vous ! et puis arrêtez de me réclamer
l’impossible c’est énervant, si on ne peut plus bricoler
l’expression du vivant sans que des concrets cloportes de votre
espèce vous bassinent avec leurs réclamations et vous prennent
pour Dieu, qui d’ailleurs ne s’en tire pas aussi bien qu’on
le dit. Je ne conçoit pas moi, je ne fais pas chier le monde moi, je
rabiboche, un point c’est tout,…c’est un monde à la
fin.
Scène V- Lendemain
même
boucan (possible raccord sur le chantier)
Bruit
de réveil
Intérieur
avec la télé allumée même thème de jazz, la
douche, la cafetière
La
porte qui se ferme, des pas dans l’escalier
Sur
un chantier les deux mêmes
A -
Salut vieux
B - Tapes
pas dans l’dos, ça m’fait mal, l’orage d’hier
m’a filé des crampes, et puis les dix balles que tu m’as
rendu, c’était une fausse pièce, et puis et puis j’en
ai marre que tu me prennes pour un con
A - Ben
qu’est ce que t’as ce matin ? t’as picolé ?
B - Non,
j’ai passé une nuit trop bizarre, je peux pas te raconter.
A - Ah
bon ! Passes moi la manivelle
bruit
de cliquets (nacelle qui monte)
B -
Souques ferme ou on va s’retrouver au sous sol
A -
T’as bien chargé la bibine… et le ciment
B - 20
kilos de chaque, pas d’problème
A -
Tiens v’la la gonzesse du troisième, j’me la frais bien
celle là
B -
Arrête tu veux, et puis c’est une fausse
A -
Comment tu sais, t’as été voir ?
B - Non,
c’est le vieux à la chignole qui m’la dit, il parait
qu’elle est pas biologique celle là…
A - Eh
alors… un avion passe …toutes façon y m' casse les oreilles c’lui
là, qui s’étonnes pas si il retrouve plus son biniou un de
ces quat'.
B-
Allez, arrète de jouer les kaïds et pistonne plus fort, on
s’ra jamais là haut à c'train là.